Épris
de liberté, voyageur enraciné, poète rare, oscillant entre
émerveillement et compassion, malice et tendresse, Youenn
Gwernig était surtout un éveilleur de conscience. Il le demeure
en ces temps de mondialisation où l'identité de chaque être
et de chaque peuple doit s'épanouir.
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Youenn
Gwernig est né le 5 octobre 1925.
Sculpteur sur bois, il fut également sonneur de cornemuse
et musicien réputé.
À la fin des années 40, il sillonne
la Bretagne en jouant avec ses compères Job Le Corre
ou Polig Montjarret.
Youenn et Polig Montjarret mettent sur pied l'ensemble de
sonneurs de la Kevrenn Kemper, qui deviendra
plus tard le Bagad Kemper.
Début des années 50, Youenn et Suzig, son
épouse, une des belles voix de Bretagne, s'associent à Glenmor
et Pierre-Yves Moign pour former le groupe
Arnev. Ils créeront ensemble avec Eliane
Pronost, la troupe Breizh a gan.
Ils donneront une cinquantaine de récitals a capela
de chansons en breton. Youenn assurera les parties instrumentales
à la cornemuse, avec Raymond Le Borgne
à la bombarde.
Puis, le grand Youenn, comme beaucoup d'autres
Bretons dans les années 50, décide d'émigrer aux États-Unis.
Il s'installe avec sa famille à New York
au cœur du melting-pot, pendant douze années. Ce séjour
influencera durablement son œuvre littéraire et musicale.
Bien sûr, Youenn emporte sa cornemuse. Certains soirs de
gros cafard, il joue sur le toit de son immeuble new-yorkais,
la Bretagne lui manque douloureusement.
Épris de littérature et de poésie, il envoie ses poèmes
à son ami Ronan Huon qui publiera les poèmes
dans sa revue Al Liamm.
Youenn commence peu à peu à mettre ses poèmes en musique.
Ainsi naîtra Gwerz an harluad, la Complainte
de l'exilé. Suivront des dizaines de chansons, dont Tap
da zac'h, Ni hon Unan, Distro
ar Gelted, Identity, Tuchenn
Mikael, Nedeleg ou E kreiz
an Noz, chroniques de la vie des hommes, des Bretons,
récits poétiques des évènements qui nous touchent et reflets
de cette identité bretonne qu'il défendra tout au long de
son existence.
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Youenn
découvre la littérature américaine et s'intéresse à un certain
Jack Kerouac qui est à la recherche de ses
origines bretonnes. Après quelques échanges de courrier, la
vraie rencontre se fait naturellement. Kerouac apprécie l'écriture
de Youenn et l'idée qu'il a enfin la possibilité de rencontrer
un breton "authentique", qui parle anglais et avec lequel
il va pouvoir parler de la Bretagne. C'est une chance qu'il
ne laissera pas passer, et que Youenn va mesurer au fil de
leurs rencontres. Ils deviennent amis et le resteront jusqu'à
la fin. Aucun doute qu'ils sont tous les deux à Avalon et
que la rigolade continue. The show must go on !
Rentré en Bretagne, dans les années 70, Youenn Gwernig co-signe
le Manifeste des chanteurs bretons en faveur
d'une culture populaire, à Plessala, avec Diaouled ar Menez,
Gweltaz Ar Fur, Glenmor, Kerguiduff, Tri Yann, Gilles Servat,
Myrdhin, Gérard Delahaye, Patrick Ewen et Kristen Noguès…
En 1981, il écrit La Grande Tribu qui sera
publié chez Grasset en 82. Ce roman demeure
encore aujourd'hui une référence pour toute une génération
de beatniks celtiques patentés et universalistes.
Son engagement politique en faveur de l'identité bretonne
lui fera accepter le poste de responsable des programmes en
langue bretonne à FR3 Bretagne en 1983, poste
qu'il occupera jusqu'à la retraite en 91.
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Décédé le mardi 29 août 2006, à Douarnenez, il repose désormais
à Scaër.
Oscillant entre émerveillement et compassion, malice et tendresse,
Youenn était surtout un éveilleur de conscience. Il le demeure
en ces temps de mondialisation où l'identité de chaque être
et de chaque peuple doit s'épanouir. Épris de liberté,
voyageur enraciné, poète rare, il laisse derrière lui des
airs que nous pourrons entonner encore longtemps si nous ne
les oublions pas.
Certaines de ces chansons ont été adaptées par Alan
Stivell, Graeme Allwright, Pascal Lamour,
le trio Ewen Delahaye Favennec, Dan
ar Bras, Nolwenn Korbel, Andréa
ar Gouilh, Cristine Merrienne, Triskell…
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